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jeudi 28 mars 2024

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Réformes scolaires: Récit d’une chaude journée entre CRS et élèves

Comme annoncé dans leur préavis de grève, les 18 associations d’élèves qui exigent « l’annulation pure et simple » des reformes sur l’organisation des examens du BAC et du BEPC sont en manifestation devant le Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (MENAPLN).

Depuis 7h, une dizaine d’agents de la Compagnie républicaine de Sécurité (CRS) est devant la porte du ministère de l’éducation. Quand aux élèves, il fallait attendre 8h45 minutes pour voir les premiers se pointer. Deux filles arrivent à moto, quelques cinq minutes plus tard, deux autres, des garçons cette fois-ci, les rejoignent devant leur ministère de tutelle. Deux agents de la CRS avancent vers eux et les somment d’aller garer quelque part. Ils s’exécutent.

Les élèves ont été bloqués dans leur avancée par les forces de sécurité

9h03 minutes, quatre autres élèves se présentent devant le MENAPLN. Les manifestants se font toujours attendre. Il est maintenant 9h32 minutes, les coups de sifflets signalent quelques manifestants vers le rond-point des Nations Unies et le ministère du commerce et autre. Comme alertés, les éléments de la CRS prennent position devant les deux entrées du MENAPLN. Ces quelques manifestants disparaissent. Mais en réalité, ces élèves du Lycée Zinda ont d’abord mobilisé ceux du Lycée Nelson Mandela avant de se diriger ensemble vers le Lycée Marien N’Gouabi. Selon le manifestant qui s’est confié à Minute.bf, ils vont faire sortir ceux du Collège Saint Jean-Baptiste de la Salle avant d’arriver au ministère de l’éducation pour la manifestation.

10h 45 minutes, les manifestants en grand nombre viennent du rond-point des Nations Unies, direction le MENAPLN. Les éléments de la CRS vont à leur rencontre et les stoppent juste devant le Conseil économique et social (CES).

Les forces de sécurité ont dispersé les élèves à coups de gaz lacrymogènes

Quelques manifestants tentent de forcer le passage. « Voulez vous nous tuer? Si c’est le cas, faites-le parce que nous sommes décidés », lance un d’entre eux aux éléments de la CRS qui les empêchent de passer. La tension monte au sein des élèves qui bousculent les forces de sécurité. Dans leur détermination, les élèves gagnent quelques pas face au recul des CRS. Une ambulance se fraye un chemin entre les élèves qui veulent profiter de la brèche pour passer mais les agents de sécurité tiennent leur position.

Il est 11h06 minutes, les élèves poussent et débordent la sécurité. Se sont ensuivis des tirs de gaz lacrymogènes, ce qui crée la débandade chez les élèves. Dans les échauffourées, plusieurs élèves abandonnent leurs chaussures devant la porte du Conseil économique et social (CES) et sur le goudron où ils étaient aux prises avec les forces de sécurité. Ils ne s’avouent tout de même pas vaincus et se réfugient au Lycée Zinda Kaboré. Ils s’organisent et procèdent par des jets de pierres sur les forces de sécurité.

Le goudron devant le MENAPLN était envahi de pierres

Par mouvements, la sécurité riposte par le gaz lacrymogène. Tout se joue au Lycée Zinda Kaboré où même les journalistes sont menacés. « Ne prenez pas de photos, ne nous filmez pas ! », interdisent les manifestants. Difficile de leur arracher un mot.

Alors qu’on croyait tout terminé, les élèves reviennent en nombre, installent un quartier général (QG) au jardin à côté du rond-point des Nations Unies. Nous sommes à 12h52 minutes. De leur QG, ils viennent par mouvement pour lapider les forces de sécurité dans leurs pickups postés sur le goudron devant le ministère du commerce et celui devant le ministère de l’éducation. Comme à leur habitude, les policiers ripostent en fonçant vers eux et en tirant le gaz lacrymogène sur eux. Ils replient à leur QG et quand la police recule, ils ressortent et reprennent les jets de pierres. Ce manège va durer plusieurs bonnes minutes.

Dans leur colère, les élèves vont s’attaquer aux passants. Non contents d’avoir bloqué certaines directions aux usagers de la route, ils vont lapider certains passants. C’est le cas d’une ambulance qui a essuyé quelques coups de pierres sur son passage et d’une autre voiture garée au parking du ministère du commerce qui va prendre une pierre sur son pare-brise.

Les jets de pierres des élèves ont endommagé les vitres de ce véhicule stationné devant le ministère du commerce

Sous le soleil d’aplomb et tous les efforts qu’ils ont mis dans les jets de pierres, la fatigue se fait sentir. « J’ai mal aux deux bras », murmure un des manifestants à ses camarades. Ensemble, ils retournent à leur QG. Certains partent chercher leurs chaussures devant la cour du CES.

Autour de 13h40 minutes, plus aucun manifestant dans les environs mais les forces de sécurité eux restent sur les lieux. Ils sont devant le ministère du commerce et celui de l’éducation.

En rappel, ce sont 18 associations de scolaires qui avaient annoncé cette manifestation pour une durée de 72h, pour demander l’annulation des reformes sur l’organisation du BAC et du BEPC.

De quoi sera fait demain, deuxième jour du mot d’ordre de grève ? Wait and see…

Minute.bf

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