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mardi 16 avril 2024

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Réformes scolaires : « Elles n’annoncent rien de bon » (F-SYNTER)

Dans une adresse, la F-SYNTER a lancé un message à tous les parents d’élèves burkinabè. Elle a formulé dans ladite adresse que « la lutte en cours contre les réformes dépasse le cadre syndical et associatif. Elle doit être une lutte du peuple . Ne commettons pas la même erreur qu’avec le système LMD ». De quoi s’agit-il en substance ? Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration qui s’articule ainsi qu’il suit:

« Depuis quelques semaines, les parents d’élèves assistent avec amertume à l’installation d’une atmosphère détestable dans le système éducatif suite à la décision du gouvernement d’opérer un certain nombre de réformes aux examens du Brevet d’Etude du Premier Cycle (BEPC) et du baccalauréat. Selon les concepteurs, dans le premier cas, la suppression des sujets au choix pour les épreuves de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) et de l’Histoire Géographie permettrait aux candidats un gain de temps et dans le second cas, l’organisation du bac reviendrait désormais au Ministère de l’Education Nationale, de l’Alphabétisation et la Promotion des Langues Nationales sans indiquer la plus-value que cela apportera pour les élèves que pour le système éducatif.

Le caractère banal de ces motifs invoqués par le gouvernement contraste avec la désapprobation vigoureuse de syndicats de l’éducation et celle encore plus énergique des élèves organisés dans les associations de scolaires. Et pour cause ! Derrière ces justificatifs qui se veulent vertueux, mais soutenus par une violence policière aveugle contre les jeunes manifestants, se cachent des objectifs qui menacent encore une fois l’accès des enfants du peuple à une éducation de qualité et leur réussite dans le cursus scolaire et universitaire. Dans le passé, au cours des attaques incessantes des différents gouvernements néocoloniaux qui ont dirigé successivement le Burkina Faso et appliqué les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) dans l’éducation, ces changements ont été tentés ; sans succès car les syndicats d’enseignants et d’étudiants ainsi que les scolaires s’y étaient fortement opposés. Ce fut le cas en 1999 pour ce qui concerne le bac et en 2013 s’agissant du BEPC.

Tout parent d’élève peut constater que ces tentatives sont renouvelées aujourd’hui avec un gouvernement post-insurrectionnel et un ministre partisan de la « fermeté » à l’endroit des personnels et des élèves dont les actions revendicatives sont considérées comme de « graves menaces » contre le système éducatif pendant que le même ministre perçoit, depuis sa prise de fonction en 2018, un salaire illégal et ferme les yeux sur les effondrements d’édifices scolaires à peine construits. On notera aussi la récente révélation de la presse quant à l’utilisation peu orthodoxe des ressources du ministère à travers notamment le volet gestion du carburant. Pire, le même gouvernement qui déploie la puissance publique de l’Etat pour violenter les élèves de la nation, est incapable d’utiliser la même puissance publique pour empêcher que les hordes djihadistes ferment l’accès des écoles à plus de 300 000 élèves.

Et faisant fi de ces indécences scandaleuses indignes d’un gouvernement respectable, des gens bienpensants, souvent de mauvaise foi, s’indignent de ce que les acteurs du système éducatif et encore plus inacceptable pour eux, les élèves refusent que l’école qui va mal soit « réformée ». Parce que l’école doit être réformée, faut-il accepter de la part de l’autorité toute mesure qu’elle seule juge bonne ?

Au regard de son lourd passif de destruction du service public d’éducation datant de près de quatre décennies, de quelle légitimité peut se prévaloir un gouvernement néocolonial pour engager des réformes et refuser aux élèves le droit de se prononcer sur leur avenir dans leurs études ? Nous devons poser les bonnes questions pour trouver les bonnes réponses lorsqu’il est question de réformes en matière d’éducation.

En 2017 et 2018, dans le cadre d’une unité d’action matérialisée par une coordination (Coordination Nationale des Syndicats de l’Education-CNSE), les syndicats des personnels de l’éducation ont engagé une lutte historique autour de préoccupations qui exprimaient les grands problèmes du secteur éducatif. On peut citer notamment l’insuffisance du budget de l’Etat alloué au secteur éducatif ayant pour conséquences pour les élèves et les parents d’élèves :

• le prix élevé à payer pour accéder à l’école, au public comme au privé dans tous les segments du système éducatif ;
• l’insuffisance d’infrastructures et de personnels qualifiés dans les structures publiques d’éducation ;
• l’insuffisance du soutien de l’Etat aux élèves surtout les plus pauvres, en termes de bourses, de matériels pédagogiques, de manuels scolaires et de cantines ;
• la faiblesse voire l’absence d’allocations de ressources aux établissements scolaires, de contrôles des établissements privés, de constructions de latrines, de respect des effectifs dans les classes, etc.

Bien évidemment, les personnels avaient demandé aussi, pour une plus grande efficacité dans leurs fonctions, une amélioration de leur statut considérablement dévalorisé par plusieurs décennies d’application des P.A.S.

Après maintes tergiversations mais grâce au soutien clairement exprimé par les populations à ces revendications, le gouvernement n’eut d’autre choix que de signer avec les syndicats un protocole d’accord reconnaissant la pertinence des problèmes posés et la justesse de la lutte. Dans la foulée, un nouveau ministre fut nommé pour la mise en oeuvre des engagements, en la personne de Monsieur Stanislas OUARO.

Trois ans plus tard, ce ministre veut convier la population à des assises nationales sur l’éducation après avoir balisé le chemin par des remises en cause d’acquis du protocole dont on peut citer quelques-unes :

• la suspension de salaires de plus de sept cents travailleurs de façon illégale et obtuse, démontrant, ainsi aux yeux de tous, le peu de considération du gouvernement à leur endroit, alors même qu’ils revendiquent l’amélioration de leur statut ; la suspension de la mesure de gratuité scolaire de 6 à 16 ans qui devait prendre effet pour compter de l’année scolaire 2020-2021 ; la poursuite du rationnement des cantines scolaires dans les établissements scolaires ; la suppression des examens blancs qui constituent des commodités pédagogiques convenues depuis des décennies pour la bonne préparation des élèves aux examens scolaires ;
• l’affectation par l’Etat des enfants du peuple admis à l’entrée en 6ème et en 2de dans des établissements privés conventionnés avec obligation des parents de payer leur scolarité s’élevant à des milliers de francs ; le non payement à temps des pécules des élèves boursiers de l’Etat, cumulant parfois plus de six (6) mois d’arriérés ; le maintien de responsables administratifs à des postes malgré les éléments de mauvaise gestion qui les accablent engendrant des crises dans les établissements ; etc.

Peut-on objectivement et honnêtement considérer que ces actes du Ministre OUARO bafouant les engagements du gouvernement dans le protocole d’accord, vont dans le sens d’un progrès du système éducatif ? Chaque parent d’élève concerné par les difficultés sus évoquées pourra se faire sa propre opinion.

Pour la F-SYNTER, ces « réformes des examens » constituent une énième attaque comme de nombreuses autres perpétrées contre les droits des populations à scolariser leurs enfants. Et intervenant comme actions préliminaires à la tenue des assises nationales sur l’éducation, elles n’annoncent rien de bon quant aux objectifs réels que le gouvernement veut leur assigner. De toute évidence, il s’agit d’alourdir encore plus la charge des parents quant à la scolarisation de leurs enfants à travers une privatisation plus poussée de l’école.
En conséquence, notre fédération invite les parents d’élèves soucieux d’un meilleur devenir de l’école dans notre pays à prendre en considération avec tout le sérieux requis, les avertissements que représentent les protestations des élèves et des personnels de l’éducation. Parce que vivant les réalités du secteur, ils sont les voix les plus crédibles pour alerter sur les dérives du système éducatif comme cela l’a été en ce qui concerne par exemple l’imposition du LMD au supérieur et le bouclage de l’année scolaire écoulée à partir de mimars pour les classes intermédiaires.
En avant pour une école de qualité accessible à tous les enfants de notre peuple ! »

Le secrétaire Général, Souleymane BADIEL

Minute.bf

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