En séjour au Burkina Faso, l’écrivain congolais, ancien Directeur général (DG) de la Radiodiffusion télévisoon du Congo (RTNC) et politologue Freddy Mulumba Kabuyi a, au cours d’une rencontre avec ses compatriotes, partagé l’actualité de la République démocratique du Congo (RDC). Saluant la dynamique de « Révolution » au Burkina Faso sous le leadership du Capitaine lbrahim Traoré et son prolongement dans l’Alliance des États du Sahel (AES), le panafricaniste congolais a appelé la jeunesse africaine à se réveiller pour arracher ce qu’il a qualifié de « deuxième indépendance ».
Plus de 10 millions de morts, plus de 9 millions de déplacés internes et plus de 500 milles femmes violées, telle est la réalité de la situation de la RDC dépeinte à la communauté congolaise au Burkina Faso par Freddy Mulumba Kabuyi. « On ne vous montre pas les images. Nous qui sommes au Congo, quand vous vous déplacez à Goma (…) c’est insupportable », a-t-il fait savoir.
Et cela, pense-t-il, trouve sa cause dans les objectifs de prédation des richesses du pays par les pays occidentaux. « Ce que nous vivons aujourd’hui, a relevé M. Mulumba Kabuyi, ce ne sont pas les ‘petits rawandais’. C’est l’Occident qui nous fait la guerre. » Concrètement, il a décrit : « le Congo est actuellement occupé par des militaires rwandais et ougandais avec la complicité du monde occidental ». Tout cela, pour exploiter « gratuitement » les matières premières du Congo.
Pour étayer ses propos, il a fait remarquer que « la RDC est différente des autres pays ». Il explique : « ici on peut dire la France est le ‘maitre, la patronne’ (colonisateur, ndlr). Chez nous (au Congo, ndlr), nous on a aucun parrain et ça, c’est depuis 1885 quand on partageait l’Afrique. Le Congo a été considéré comme une entreprise : on n’a pas besoin d’un chef d’Etat, on a besoin d’un gérant ».
Il est même allé plus loin en considérant que le génocide rwandais a été provoqué pour atteindre le Congo. « L’objectif n’était pas seulement de chasser Habyarimana (Président du Rwanda au moment du génocide), mais d’arriver à Kinshasa pour mettre la main sur les ressources; et mettre un gérant à la tête du Congo… », a soutenu l’ancien DG de la RTNC.
Les enjeux géopolitiques de la situation au Congo
Par la force des choses, le politologue a postulé que l’Afrique notamment la RDC est le terrain de « compétition entre la Chine, la Russie et l’Occident, l’Amérique en tête ». « La Chine et la Russie veulent que l’Afrique se libère. Elles viennent avec des marchés, elles viennent avec la sécurité. Par contre, nos amis Occidentaux, eux, veulent la guerre. Toutes les guerres en Afrique, quand on veut vérifier, ne sont entretenues ni par la Chine, ni par la Russie. Ce sont des guerres entretenues par l’Occident, par des capitalistes occidentaux qui pensent que depuis 1896, l’Afrique leur appartient. Ce n’est pas l’Afrique pour les Africains », a argumenté Freddy Mulumba Kabuyi.
Pour quitter dans cette situation, le panafricaniste pensent que l’heure est venue pour les Congolais et les Africains en général de se battre pour leur « deuxième indépendance ». « Que ce soit chez nous ou ici, nous sommes dans une lutte de la deuxième indépendance. L’Afrique est le continent le plus riche. Mais ils pensent que ce nous avons comme richesses leur appartient, c’est leur droit. (…) Je pense que le moment est arrivé pour que les Africains se mettent débout pour se libérer et mettre la main sur leurs propres richesses pour que le peuple africain en profite ».
Pour lui, avec tout ce qui se passe actuellement, « l’Occident est en déclin ». Mais, a-t-il prévenu, « il faut éviter que ce déclin de l’Occident donne l’occasion à d’autres peuples de nous recoloniser ».
« On sera puissant quand on va créer les Etats unis d’Afrique… »
Freddy Mulumba Kabuyi a clairement afficher : « il faudra nous mettre en tête qu’il y aura la guerre. Il faut préparer la jeunesse à se battre, il ne faut pas baisser les bras. Ce discours démocratique, qu’on ne soit plus naïfs : soit nous nous battons et l’Afrique est libre, soit on cède aux caprices et nous devenons esclaves ». Ce combat pour l’indépendance de l’Afrique, dit-il ne sera mener ni Chinois, ni Russes… mais plutôt par les Africains eux-mêmes.
Mais cela, soutient-il, passe d’abord par donner « l’information exacte » aux gens, les former. Il a ainsi appelé le peuple africain, notamment la jeunesse à s’instruire. « Il faut étudier leurs pensées (pensées des Occidentaux, ndlr), leur façon de voir les choses et construire un rapport de force », a insisté M. Mulumba Kabuyi qui est d’ailleurs convaincu : « on n’a pas le choix, c’est vaincre ou mourir ! »
Dans cette dynamique toujours, il a invité les hommes politiques et les leaders à constituer le « soubassement intellectuel » de cette lutte pour la « deuxième indépendance de l’Afrique ». « Il faut vite se reconnecter à nos sociétés africaines (cultures, ndlr), penser et accepter la contradiction, les discussions et dès qu’on se met d’accord, on lance une nouvelle Afrique qui sera puissante, belle et fière avec des hommes qui ont la volonté de puissance et des ambitions de grandeurs », leur a-t-il lancé.
Enfin, dans cette perspective toujours le panafricaniste Mulumba Kabuya a salué la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Pour lui, l’indépendance et l’avenir de l’Afrique se trouve dans l’union. « On sera puissant quand on va créer les Etats unis d’Afrique. Le début, c’est déjà ce qui se passe avec l’AES. C’est positif mais il faut continuer. Il faut que ça passe partout (…) Ils (Ibrahim Traoré et ses homologues du Mali et du Niger, ndlr) ont lancé une nouvelle ère. Ils ont lancé les bases d’une construction des Etats unis d’Afrique (AES, ndlr). C’est le départ, on ne va pas l’arrêter », est-t-il convaincu. Il inscrit d’ailleurs son passage au pays des hommes intègres par sa volonté de s’inspirer de l’exemple Burkinabè. A ce propos, il a parlé du président Ibrahim Traoré en ces mets : « à Kinshasa, Traoré est adulé par la jeunesse. Les jeunes gens aiment beaucoup son discours. On sent qu’il y a une nouvelle Afrique qui émerge. C’est un modèle pour la jeunesse actuellement, à part [Thomas] Sankara ».
Franck Michaël KOLA
Minute.bf